Quelles sont les qualités d’un beau buste?
- Olivier
- 7 déc.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 18 déc.

Les bustes balinais font partie des souvenirs les plus appréciés des visiteurs de l'île dès les années 1930. Et c’est indéniablement dans la première moitié du XXe siècle que furent produits les plus beaux, qu’il s’agisse de bustes de femmes, d’hommes, jeunes ou bien âgés, ou encore de bustes de danseuses janger (ou djanger), avec leurs larges coiffes ornées de motifs de fleurs. Ce sont les figures de jeunes adultes qui semblent avoir eu le plus de succès. Les meilleurs exemples montrent un souci poussé de réalisme dans la représentation de visages à l’expression grave et sereine. La plupart de ces pièces ont été sculptées dans un bois clair assez léger, recouvert ensuite d'une belle patine sombre.


Les deux bustes reproduits ici datent des années 1930 ou 1940. Les coiffes – des bandeaux traditionnels noués sur la tête – sont les plus couramment représentées: udeng pour le jeune homme, lelunakan pour la jeune femme. Ces bustes étaient souvent vendus par paire. Ceux-ci, bien que probablement appariés dès l’origine, ont été réalisés par des sculpteurs différents, et une observation attentive révèle une légère différence de style. Ils sont d’ailleurs signés, ce qui est assez peu commun pour l’époque: "W.J.N. (I Wayan) Gog" pour le buste féminin et "M. D. (I Made) Pait" pour le buste masculin.
Par leur traitement, les pièces de ce type peuvent rappeler certains bustes produits en Occident entre la Renaissance et le XXe siècle, ce qui explique sans doute en partie leur succès auprès des visiteurs de l'époque. Cependant, comme ces derniers désiraient emporter avec eux des représentations typiquement balinaises, les sculpteurs ont logiquement privilégié une représentation générique plutôt que la transcription de traits individuels. C’est pourquoi ces bustes balinais ont tous un air de famille. Ils traduisent la recherche commune d’un type idéal de jeunesse et de beauté qui s’exprime avec force dans le travail des meilleurs sculpteurs.
Dans les pièces les plus abouties cependant, il arrive que l’expression de l’idéal paraisse emprunter des traits individuels jusqu’à se rapprocher d’un portrait – sans que l’on puisse dire si c’est le résultat de l’observation d’un modèle ou l’effet de l’imagination du sculpteur. Ainsi, dans ce jeune couple, le visage de la jeune femme se singularise par ses larges yeux, son nez court et un peu rond, tandis que celui du jeune homme se distingue par ses pommettes saillantes et son menton assez fin.
Un buste de bonne qualité allie harmonie des traits et réalisme anatomique. Sans doute pour faciliter leur transport dans une valise, les bustes de qualité moyenne ou inférieure présentent souvent une tête plus ou moins aplatie quand on les observe de profil. Personnellement, je suis donc attentif au fait que le volume du crâne soit entièrement développé dans la profondeur. Le modelé doit manifester une compréhension de la structure osseuse. Autrement dit, le placement des reliefs et des creux doit faire sentir que la chair est soutenue par les os. Pour la même raison, il me semble important que les yeux n’apparaissent pas comme de simples amandes pourvues d’une bordure en relief, mais comme des globes logés dans le réceptacle de l’orbite, que recouvre le voile de la paupière. La restitution de la complexité de la forme de l’oreille – quand celle-ci est visible – est également un bon indicateur de qualité.


Enfin, on peut prêter attention à la finition et au traitement de certains détails ornementaux. Dans le couple reproduit ici, ce sera le rendu délicat de la fleur pour le buste masculin ou le soin apporté à traduire les ondulations de la coiffe et de la chevelure pour le buste féminin.



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