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Sarasvati

  • Olivier
  • 22 déc.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 24 déc.

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Une déesse majeure

Sarasvati est l’une des trois déesses majeures de la Tridevi (la trinité suprême, dans sa version féminine) aux côtés de Lakshmi et Parvati. Elle est liée au dieu créateur Brahma, soit en tant que sa création, soit en tant qu’épouse. Déesse du savoir et des arts, en particulier de la musique, la tradition lui attribue l’invention du sanskrit. Sa monture est une oie blanche ou un cygne. Certaines représentations influencées par l’iconographie indienne la montrent pourvue de quatre bras avec lesquels elle tient un luth (vina), un livre ou un manuscrit (pustaka), parfois un rosaire (aksamala), un lotus sacré (padma) ou un pot à eau (kamandalu).


Ces deux sculptures représentent Sarasvati chevauchant un cygne. Conformément à la formule qui prévaut dans la sculpture balinaise avant le dernier tiers du XXe siècle, la déesse n’est pas pourvue de bras supplémentaires.


Sarasvati par I Ketut Tulak, années 1960 ou 1970, 42 cm, collection personnelle
Sarasvati par I Ketut Tulak, années 1960 ou 1970, 42 cm, collection personnelle
I Ketut Tulak - une interprétation dans le style élancé

La plus grande des deux pièces (42 cm de haut) est signée I Ketut Tulak, qui a également sculpté la figure de Ganesh dont il est question ici. Datant probablement des années 1960 ou 1970, elle est faite d’un bois clair et léger recouvert d’une patine brune. Le traitement du motif paraît dérivé d’une sculpture réalisée entre 1935 et 1940 dont on peut voir une reproduction sur le blog du collectionneur Sipke van de Peppel. L’effet d’étirement adopté par Tulak, son usage fantaisiste de courbes prononcées rappellent la variante du style élancé développée par I Made Runda, un autre sculpteur important actif durant les mêmes années.


La déesse serre contre sa poitrine ce qui pourrait être un padma. Un élégant effet d’enroulement autour d’un vide central rapproche son visage de la tête du cygne, suggérant une connexion intime entre la déesse et sa monture. Enfin, on note que, reprenant une solution que l’on observe dans certaines sculptures plus anciennes, Tulak évoque la surface de l’eau par un jeu de motifs (vagues, végétation) sculptés en léger relief sur la base verticale supportant les figures.


Sarasvati par I Wayan Ratep, 21 cm, années 1960 ou 1970, collection personnelle
Sarasvati par I Wayan Ratep, 21 cm, années 1960 ou 1970, collection personnelle
I Wayan Ratep - un équilibre entre réalisme et idéalisation

La seconde pièce ne fait que 21 cm de haut. Signée I Wajan Ratep, elle date sans doute de la même période que la première. Ratep donne cependant une interprétation fort différente du même motif. Le bois – probablement de l’ébène de Macassar – est sombre, dense, lourd et soyeux. Sculpter une petite pièce pourvue d’un tel raffinement de détails dans un bois aussi dur et cassant est en soi un tour de force.


La déesse tient dans ses mains un kamandalu surmonté d’un padma ouvert dont elle semble humer le parfum. Elle est parée d’une ceinture, d’un ornement capillaire de type Garuda mungkur, d’un diadème et d’un collier richement ciselés. Le cygne porte également un collier orné à la base de son cou. Ratep a opté pour un traitement inspiré de la tradition, dans un juste équilibre entre réalisme et idéalisation. Un travail varié de fines incisions distingue les textures des cheveux, des pétales et des plumes tandis que les veines rousses de l’ébène semblent ruisseler délicatement sur les surfaces, soulignant plus particulièrement l’extrémité des ailes du cygne.

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