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Une figure de divinité assise: Shiva par I Ketut Sadra

  • Olivier
  • 23 oct.
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 17 déc.



Shiva par I Ketut Sadra, deuxième moitié du XXe siècle, 36 cm, collection personnelle


La figure, richement parée et coiffée d’une couronne, est assise sur un trône lotiforme. Ses mains antérieures effectuent une mudra (un geste codifié doté d’une valeur rituelle ou symbolique), tandis que ses deux mains postérieures tiennent un lotus, symbole de pureté et d’élévation spirituelle, ainsi qu’un chasse-mouche, symbole de royauté. La finesse des traits et la chevelure débordant légèrement derrière les épaules pourraient faire croire à une figure féminine. Mais dans la sculpture balinaise, les dieux sont souvent pourvus de caractères androgynes, et cette chevelure constitue bien un trait habituellement masculin, celle des déesses ou des nymphes descendant généralement jusqu’à la taille.


Il est parfois difficile d’identifier avec certitude les divinités hindoues représentées dans la sculpture balinaise moderne. C’est tout particulièrement le cas pour qui ne dispose pas de connaissances approfondies sur l’iconographie traditionnelle de l’hindouisme et sur sa variante spécifiquement balinaise. Cependant, après en avoir discuté avec plusieurs collectionneurs et après avoir comparé cette figure avec d’autres que j’ai vues reproduites, mon sentiment est que la divinité représentée là est Shiva – ou Siwa, suivant l’orthographe balinaise –, l'un des trois dieux primordiaux de la Trimurti, avec Brahma et Vishnou. Si Shiva est généralement associé au principe de destruction, l’hindouisme balinais lui attribue une diversité de formes et de rôles. La question étant là encore complexe, je me garderai de me prononcer sur la forme ou le rôle que pourrait illustrer cette sculpture.


Ce type de représentation de divinités assises semble être devenu plus fréquent à Bali dans la deuxième moitié du XXe siècle, peut-être sous l’effet d’un rapprochement avec des types iconographiques d’origine indienne. Cette influence indienne pourrait également transparaître dans la présence de quatre bras, une formule qu’à ma connaissance on ne rencontre que rarement dans la sculpture balinaise d’inspiration traditionnelle du début du siècle.


La sculpture est signée sous la base: "K (Ketut) Sadra". Elle a été réalisée entre les années 1960 et 1980 dans le village de Mas. Si les représentations de divinités assises sont répandues à Bali durant cette période, celle-ci se distingue par la qualité de son exécution. On peut apprécier le naturel de la pose, l’harmonie des proportions et des formes élégamment stylisées, ainsi que le jeu sophistiqué des éléments composant la couronne, la délicatesse des doigts et la finesse des détails ornementaux du vêtement. Compte tenu de la fragilité de certaines parties, c’est une chance de pouvoir trouver aujourd’hui une telle pièce en parfait état.

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