Une femme arrangeant sa chevelure

Femme arrangeant sa chevelure, années 1930 ou 1940, 32,5 cm, collection personnelle

Dès le début du XXe siècle, les sculpteurs balinais ont multiplié les représentations de scènes tirées de la vie quotidienne afin de répondre aux goûts des visiteurs étrangers.

Dans la sculpture balinaise moderne, les situations et les attitudes quotidiennes représentées correspondent très souvent à la déclinaison d’un type au sein d’un thème: femme ou homme assis, femme à genou en prière, prêtre à genou devant la table sur laquelle il accomplit le rituel, etc. Si dans la plupart des cas cette logique limite les variations iconographiques à quelques ajustements mineurs, il arrive cependant qu’une pièce se démarque dans le traitement d’un thème, le sculpteur ayant manifestement tenté une approche rare, voire réellement unique.

Parmi les sujets tirés de la vie quotidienne traités durant les décennies 1930-1940, les représentations de femmes arrangeant leur chevelure figurent en assez bonne place. Probablement du fait d’une plus grande facilité d’exécution, le type le plus courant est celui de la femme coiffant sa chevelure plaquée contre son corps – que ce soit à main nue ou à l’aide d’un peigne.

Au centre: femme arrangeant sa chevelure, années 1930 ou 1940, sculpture sur fond plat, 40 cm, collection personnelle

Les représentations de style wayang montrant la chevelure entièrement dénouée et tenue à distance du corps – à la manière d’un large ruban pendant – sont en revanche nettement plus rares. La sculpture reproduite ici se distingue par la combinaison entre le thème de la toilette et celui de la maternité: une femme installée sur un siège orné coiffe sa longue chevelure à l’aide d’un peigne, tandis que devant elle, à même le sol, une jeune fille est assise en tailleur.

Le traitement est d’une grande finesse. Dans la manière dont le triangle du visage s’affine des pommettes au menton, dans l’allongement des bras et des doigts ou encore dans l’élégant jeu des courbes définissant les contours de la chevelure ou des vêtements, le sculpteur semble avoir voulu exalter les caractéristiques du style wayang. Le siège est décoré de délicates incisions suggérant des motifs floraux.

Enfin, cette pièce constitue un exemple significatif de l’attention que les meilleurs sculpteurs balinais portent aux propriétés du matériau: en observant attentivement l’arrière de la figure, on voit que le sculpteur a fort subtilement suivi la structure du bois pour définir la forme de la tête, intégrant les lignes nuancées du veinage comme autant de mèches dont le mouvement accompagne la chevelure en cascade.